Auréolé d'une réputation sulfureuse suite aux incidents qui ont opposéTony Jaa à la Sahamongkol Films l'été dernier, Ong Bak 2 arrive enfin dans les salles obscures françaises. Contrairement à ce que suggère son titre, Ong Bak 2 ne nécessite nullement d'avoir vu Ong Bak, l'histoire n'ayant absolument rien à voir avec le "premier" même si la dernière séquence propose un lien un peu tiré par les cheveux entre les deux opus, en plus d'annoncer l'arrivée d'un troisième. Ong Bak 2 marque surtout la première incursion derrière la caméra de l'icône thaïlandaise des arts martiaux Tony Jaa, de son vrai nom Panom Yeerum, épaulé par son mentor Panna Rittikrai. Et force est de reconnaître que les débuts de l'acteur de 32 ans au poste de réalisateur s'avèrent plutôt convaincants. Le résultat, s'il n'est pas exempt de quelques faiblesses, a au moins pour mérite de remplir les objectifs qu'il s'était fixé au-delà de toutes les espérances.
Après un Ong Bak plutôt léger et un L'Honneur du Dragon suivant la même voie mais s'achevant sur une tonalité nettement plus sombre, Tony Jaa semble bien décidé à poursuivre sa descente aux Enfers avec un Ong Bak 2 d'une noirceur inattendue pour une production estampillée commerciale. L'histoire nous plonge dans la Thaïlande du 15e siècle, dans un monde miné par la barbarie où seule la force permet à quelques hommes de survivre et où femmes et enfants sont réduits à l'esclavage. Le film déploie d'emblée un univers chaotique habité par la cruauté et la monstruosité, des hommes atteints de difformités physiques apparaissant ça et là tout au long du film. Bonne nouvelle, Tony Jaa a enrichi son jeu et étale une palette d'émotions qu'on ne lui connaissait pas, incarnant un personnage partagé entre le Bien et le Mal, entre la compassion et le désir de vengeance. Il est loin le paysan benêt qui se confrontait à la ville pour récupérer ses éléphants ou la tête d'un Ong Bak volée par des méchants citadins. La star arbore ici une chevelure hirsute, une dégaine sauvage, gratifiant volontiers ses adversaires de regards de psychopathe lors des pics de violence qui traversent le film. Seul résidu du premier Ong Bak, une apparition en guest star de Petchtai Wongkamlao dans un numéro comique un tantinet anecdotique. Un peu confus dans sa manière de mêler le passé et le présent, le scénario n'en possède pas moins une direction claire, imposant au premier plan un personnage aux relents mythologiques qui suit une quête faite d'épreuves initiatiques le voyant affronter successivement le monde animal (impressionnante séquence où Jaa parcoure des dos d'éléphants au galop), celui des hommes (Tiang affrontant une galerie d'ennemis en combat singulier) et celui du spirituel (Tiang affronte ses propres démons dans une caverne). Le scénario mise certes sur des enjeux classiques mais le film bénéficie d'une production soignée, notamment grâce aux décors signés Ek Iemchuen (Les Larmes du Tigre Noir), et baigne parfois dans une ambiance surnaturelle joliment entretenue par la bande son, venant alimenter un contenu loin de se contenter de prôner la violence mais imprégné au contraire d'un esprit très bouddhique dans son approche de l'âme humaine.
Car comme on s'en doutait, Ong Bak 2 fait surtout des étincelles en délivrant une suite de scènes d'action d'une générosité réjouissante, de quoi pallier les légères baisses de régime de la narration. Bien entendu, tout est entièrement conçu à la gloire de Tony Jaa : l'acteur s'applique à démontrer qu'il maîtrise absolument tous les styles d'arts martiaux en provenance des quatre coins du monde, du Japon comme de la Chine en passant par l'Occident ou la Thaïlande, saupoudrant ses combats de références aux icônes actuelles du genre que sont Jackie Chan et Donnie Yen - le premier pour la technique de l'Homme Ivre, le second pour l'utilisation de prises corps à corps vues notamment dans Flash Point. Comme s'il lançait un gigantesque défi à tous ses potentiels concurrents encore présents sur le marché. Déjà bien chargé en bastons sauvages dans ses deux premiers tiers, Ong Bak 2 atteint des sommets dans sa dernière demi-heure qui accumule littéralement les moments de bravoure. Un climax d'anthologie qui voit s'enchaîner à une vitesse de forcenée une série de combats exécutés avec une virtuosité et une rapidité bluffantes, tandis que la mise en scène alterne avec un réel sens du rythme les plans d'ensemble et les visions subjectives, insufflant une énergie viscérale voire primaire à ses impressionnantes chorégraphies. On en reste littéralement cloué à son siège. Rien que pour ce climax, qui a le bon goût de s'accompagner d'une vraie tension dramatique teintée de nihilisme, Ong Bak 2mérite l'estime de tout amateur de film d'arts martiaux et plus généralement de film d'action qui se respecte. Tony Jaa est peut-être devenu un peu mégalo, mais il a amplement mérité son statut fraîchement acquis d'icône du cinéma d'arts martiaux.
Après un Ong Bak plutôt léger et un L'Honneur du Dragon suivant la même voie mais s'achevant sur une tonalité nettement plus sombre, Tony Jaa semble bien décidé à poursuivre sa descente aux Enfers avec un Ong Bak 2 d'une noirceur inattendue pour une production estampillée commerciale. L'histoire nous plonge dans la Thaïlande du 15e siècle, dans un monde miné par la barbarie où seule la force permet à quelques hommes de survivre et où femmes et enfants sont réduits à l'esclavage. Le film déploie d'emblée un univers chaotique habité par la cruauté et la monstruosité, des hommes atteints de difformités physiques apparaissant ça et là tout au long du film. Bonne nouvelle, Tony Jaa a enrichi son jeu et étale une palette d'émotions qu'on ne lui connaissait pas, incarnant un personnage partagé entre le Bien et le Mal, entre la compassion et le désir de vengeance. Il est loin le paysan benêt qui se confrontait à la ville pour récupérer ses éléphants ou la tête d'un Ong Bak volée par des méchants citadins. La star arbore ici une chevelure hirsute, une dégaine sauvage, gratifiant volontiers ses adversaires de regards de psychopathe lors des pics de violence qui traversent le film. Seul résidu du premier Ong Bak, une apparition en guest star de Petchtai Wongkamlao dans un numéro comique un tantinet anecdotique. Un peu confus dans sa manière de mêler le passé et le présent, le scénario n'en possède pas moins une direction claire, imposant au premier plan un personnage aux relents mythologiques qui suit une quête faite d'épreuves initiatiques le voyant affronter successivement le monde animal (impressionnante séquence où Jaa parcoure des dos d'éléphants au galop), celui des hommes (Tiang affrontant une galerie d'ennemis en combat singulier) et celui du spirituel (Tiang affronte ses propres démons dans une caverne). Le scénario mise certes sur des enjeux classiques mais le film bénéficie d'une production soignée, notamment grâce aux décors signés Ek Iemchuen (Les Larmes du Tigre Noir), et baigne parfois dans une ambiance surnaturelle joliment entretenue par la bande son, venant alimenter un contenu loin de se contenter de prôner la violence mais imprégné au contraire d'un esprit très bouddhique dans son approche de l'âme humaine.
Autant de qualités faisant d'Ong Bak 2 un film possédant son identité propre. Pourtant, les aficionados de cinéma d'arts martiaux risquent fort de déceler quelques similitudes avec un classique hongkongais sorti il y a une quinzaine d'années : The Blade de Tsui Hark. En plus d'en reprendre certains enjeux puisque Tiang doit tout à la fois venger l'homme qui l'avait adopté et son véritable père dont il détient l'épée, Ong Bak 2emprunte quelques éléments esthétiques à The Blade à travers un style visuel chiadé marqué par des teintes ocre et une moiteur sauvage - les allusions sexuelles en moins (quoique). Ajoutons à cela un clin d'oeil évident au chef d'oeuvre de Tsui lorsque Tiang envoie à la figure de ses adversaires une lame accrochée à une corde. Là où Tony Jaafait cependant preuve d'une certaine audace par rapport aux ambitions commerciales de son film, c'est en introduisant vers les deux tiers une séquence de danse traditionnelle thaïe entièrement musicale et dénuée de dialogues, voyant se succéder une chorégraphie féminine d'une grâce surprenante et une danse Khon fascinante effectuée par Tony Jaa lui-même sous un masque pittoresque. Chose étonnante que cet intermède musical et presque théâtral au beau milieu d'un film qui brille par ailleurs par l'extrême violence de ses combats.